Voiles, des ailes high-tech pour les oiseaux du large
Une architecture innovante, des matériaux high-tech, un accastillage ultra-résistant... voilà pour le châssis ! Question moteur, les voiles de nos coursiers modernes ne sont pas en reste au niveau de la technologie, et se parent de savants assemblages de fibres permettant de gagner en poids, en durabilité et en performances... A l'heure où les nombreuses avaries de voiles (Roland Jourdain sur Sill, Marc Guillemot sur La Trinitaine) handicapent même les leaders de la Route du Rhum, il est temps de faire le point sur ce point crucial en compagnie de Nicolas Berthoud, responsable des voiles au sein du Gitana Team.

Lorsqu'une grand-voile se déchire, c'est au mieux l'obligation de faire une escale technique pour réparer – au pire un espoir de victoire qui s'envole. Privé de sa puissance de propulsion, le skipper de coursier océanique se voit alors réduit à l'état d'une F1 échouée sur le côté de la piste, moteur cassé... Soumises à des efforts colossaux, les voiles des trimarans 60 pieds doivent à la fois résister à des contraintes de traction, et conserver le plus longtemps possible leur forme d'origine, car de se profil initial dépend la vitesse du bateau. Mais la pire avarie reste naturellement la déchirure, qui intervient évidemment à la faveur de conditions météo trop violentes, ou après une mauvaise manoeuvre. Ainsi, une voile qui bat au vent ne serait-ce que quelques instants peut présenter un point de fragilité d'où partira une déchirure avant de se propager (c'est précisément ce qui est arrivé à Marc Guillemot sur La Trinitaine).

Un choix évident

« Sur Gitana, nous avons choisi des voiles en Cuben Fibre(1), qui sont faites d'un assemblage de fibres Spectra pressées puis moulées en autoclave. Cette technique permet d'obtenir une voile qui offre une excellente résistance à la propagation de la déchirure, en raison de sa très forte densité en fibres – c'est un gage très important de fiabilité en course. En fait, le Cuben Fibre est réellement le matériau le plus adapté à la course au large : on gagne jusqu'à 35% de poids par rapport aux voiles en Kevlar, et de plus le Cuben est réellement hydrophobe, ce qui est très important puisqu'une voile mouillée perd en rendement. En termes de durée de vie, le Cuben est aussi très avantageux, puisqu'une voile peut faire jusqu'à 50 000 milles, alors qu'au bout d'une transat et demi, le Kevlar rend les armes ! En plus, le Spectra (dont est fait le Cuben) est assez peu vulnérable aux ultra-violets. Mais après le choix du matériau, il reste tout le travail sur le profil, le design... c'est là qu'interviennent les calculs mais aussi l'expérience pour une grande part », conclut Nicolas.

(1) L'appellation « Cuben » vient du fait que cette fibre a été utilisée pour la première fois sur le voilier « America Cube » lors de la Coupe de l'America 1992.

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