Moment fort de la saison 2005, la transat Jacques Vabre est organisée toutes les années impaires sur un parcours difficile puisqu'il faut affronter les « effets de Manche » au départ du Havre, puis « dégolfer » jusqu'au cap Finisterre, éviter le gros des dépressions automnales jusqu'aux Canaries avant de glisser dans les alizés portants jusqu'au Cap Vert. Mais la course est loin d'être finie à ce stade puisqu'il faut encore traverser le Pot au Noir, la Zone de Convergence Inter-Tropicale (ZCIT), dénommée « doldrums » par les Britanniques (littéralement « avoir le cafard, être dans le marasme »). Enfin, il faut retrouver les alizés mais cette fois contraires avant d'atteindre les côtes brésiliennes…
Pour se qualifier, les tandems doivent effectuer une qualification d'au minimum 1 500 milles sur leur bateau. Devant ramener Gitana 11 en Atlantique après le début de saison méditerranéen, Frédéric Le Peutrec et Yann Guichard, comme d'autres binômes, en ont profité pour s'entraîner et valider leur inscription à la transat Jacques Vabre.
ITV de Frédéric Le Peutrec :
« Ce fut une qualification assez dure météorologiquement parlant, complexe mais intéressante : elle nous a permis de déceler quelques petites améliorations à effectuer sur le plan de pont pour mieux s'adapter à la configuration en double. Nous avons en effet eu toutes les fourchettes de vent : du près, du débridé, du portant, du petit temps, du médium et de la bonne brise… Nous avons eu jusqu'à 35 nœuds en particulier au cap Saint Vincent (Sud Espagne) avec une mer assez cassante. C'était bien de se retrouver dans un bateau aussi inconfortable qu'un trimaran pour se réadapter à la mer, au large, au double. Après deux mois de navigation sur mer plate, cela nous a remis les idées en place !
Nous avons finalement mis sept jours, ce qui est beaucoup mais c'est aussi parce que la trinquette a explosé et la grand voile s'est déchirée au niveau du troisième ris : nous avons dû terminer toute la remontée du Portugal sous voilure réduite. Mais sur une semaine, nous avons pu nous mettre en situation similaire à ce que nous allons vivre pendant plus de deux semaines en novembre prochain.
Avec Yann, nous avons aussi pu nous caler sur les manœuvres pour savoir lesquelles ont besoin de quatre mains, s'il vaut mieux garder l'un d'entre nous à la barre… Et nous avons passé en revue toute la garde-robe, donc c'était un bon cours de révision générale ! Il a fallu être très réactif car nous naviguions le long des côtes, avec des cargos. Nous sommes arrivés à La Trinité/mer dans la nuit de mardi et nous repartons à Vigo samedi pour le Grand Prix de Galice. Mais il y a un peu de travail sur les cordages et sur les voiles avant de repartir.
Nous referons des sessions en double lors des convoyages après Douarnenez mais au retour de Vigo, je pense que je naviguerai en solitaire, histoire de réviser la Route du Rhum ! »