Des enseignements…
Première manche du Grand Prix de Corse, le tour de l'île a été riche en enseignements pour le Gitana Team qui a pu constater que les deux trimarans ont bien évolué cet hiver et comblé une partie de leurs déficits.

Pour Gitana 11, cette seconde place à quelques minutes seulement de Groupama-2 est plus que satisfaisante même si le dernier-né des trimarans conserve toujours un petit plus, particulièrement dans les vents instables, lors des relances en sortie de manœuvre et dans les risées en démarrant légèrement plus tôt. Difficile d'imaginer que ce différentiel pourra être encore réduit mais d'ores et déjà, les écarts constatés la saison passée sont nettement moins marqués. Ce qui laisse entendre que la victoire en Grand Prix acquise en septembre dernier, ici même à Calvi, peut logiquement être renouvelée : pourtant la moindre erreur se paye cash et sur un parcours banane d'une heure environ, un mauvais départ, un choix hasardeux de bord au près, une option mal négociée au portant, une manœuvre mal coordonnée… et la sanction sera sévère. Surtout qu'au sein d'une flotte au potentiel très proche, il n'est pas facile de se dégager du vent perturbé des premiers, ce qui limite les possibilités tactiques, donc la capacité à revenir dans le match.

Du côté des jeunes du Gitana X, les progrès sont nets mais pas encore suffisants : l'équipage ne cache pas qu'il a encore du travail à accomplir pour enrouler les manœuvres avec fluidité, trouver les bons réglages rapidement, conserver sa lucidité stratégique quand le trimaran est derrière. L'apprentissage s'effectue à son rythme mais la bonne nouvelle, déjà perçue en partie lors de la course d'ouverture de la saison entre Lorient et Nice, est bien que le bateau est plus performant que l'an passé. Reste un déficit qui n'est pas simple à combler puisqu'il touche à la configuration et à la conception de Gitana X : plus lourd avec ses flotteurs bananés, le trimaran ne peut qu'approcher le potentiel de ses concurrents. Mais là encore, l'excellence à tous les niveaux (tactique, réglages, manœuvres, barre) doit permettre à l'équipage de jouer les trouble-fête sur des parcours courts où le fait de s'extirper de la flotte dès le départ, donne un avantage certain… qu'il faut ensuite gérer avec justesse.

Avec six manches à courir samedi et dimanche, dans une brise annoncée de secteur Sud Ouest pour dix à quinze nœuds, sur une mer relativement plate et sous un grand soleil, les conditions seront parfaites pour mettre en valeur les qualités régatières des équipages. Le Gitana Team a des atouts en main, les cartes commencent à se distribuer entre les trois leaders de ce tour de Corse (Groupama-2, Gitana 11, Banque Populaire) car Foncia, lui aussi dans le coup, a subi une avarie de pied de mât qui ne lui permet pas d'être présent avant dimanche. Quant à Géant, il ne semble pas être à l'aise dans ces vents modérés et instables et TIM-Progetto Italia n'a pas assez effectué de modifications pour espérer atteindre le niveau des leaders. Mais attention, les surprises sont toujours possibles et rien n'est jamais acquis en voile. En tous cas, le Gitana Team ne manquera pas de miser banco !

Frédéric Le Peutrec (Gitana 11) :


« La victoire s'est jouée à la Giraglia (Nord de la Corse) : on est arrivé ensemble avec Groupama-2 et nous avons perdu le contact dans un tout petit trou de vent qui lui a permis de nous couvrir, de nous mettre dans son dévent et nous a obligé à prendre sa trace derrière… et dans ce vent de huit nœuds, il arrive à descendre un peu mieux au portant sous gennaker.
Mais avant, il y a eu de nombreux retournements de situation entre nous deux, au gré des risées et des calmes. Le vent thermique n'était pas constant et il y avait de bonnes pressions à terre qui nous ont permis de passer devant Franck Cammas avant le golfe d'Ajaccio. Armel Le Cléac'h et Pascal Bidégorry n'étaient pas loin derrière mais dans ces cas-là, chacun joue « dans son troupeau ». Les binômes se sont créés jusqu'à ce que Foncia abandonne.
Dans les bouches de Bonifacio, le vent est passé au Nord Est 20 nœuds puis il a fallu tirer des bords pour remonter vers le cap Corse. La nuit a été un peu loterie avec des brises très variables mais nous sommes toujours restés au contact avec Groupama-2. Les écarts avec les poursuivants se sont faits aussi dans cette phase car le vent était toujours plus favorable pour les leaders. Mais Groupama-2 est quand même un peu plus véloce que Gitana 11, surtout dès que le vent est instable. Enfin ce tour de Corse a finalement été rapide mais fatiguant ! »

Thierry Duprey du Vorsent (Gitana X) :

« Ce tour de Corse n'a pas été facile : au début, nous avons eu un peu de mal à trouver le mode d'emploi jusqu'à Ajaccio. On s'est fait distancer petit à petit, et au phare des Moines, la transition entre le vent de Nord Ouest et la brise d'Est a été plus dure pour nous : nous avons vu les autres trimarans partir les uns après les autres et tout le monde a disparu à l'horizon. Après, il a donc fallu régater tout seul, ce qui est toujours plus difficile car on n'a plus de repères ni sur les vitesses ni sur les réglages.
Les conditions ont été très variées puisqu'on a eu jusqu'à 30 nœuds de vent dans les Bouches de Bonifacio au près, et au cap Corse, où il y a eu 24 nœuds de travers, mais aussi des calmes, des trous de vent, des risées éphémères… La règle du jeu imposait que nous ne pouvions pas avoir de suivi météo personnalisé, ce qui rend les choix tactiques plus délicats sur des prévisions données au départ. Or la Méditerranée a l'art de changer de régime de vent très rapidement… Mais le parcours était vraiment sympa et à six à bord, nous n'avons pas eu de souci pour gérer une course d'une journée. »

Classement de la manche 1 du Grand Prix de Corse (tour de Corse : 250 milles) :

1-Franck Cammas (Groupama) arrivée à 8h 19' 26''
2-Frédéric Le Peutrec (Gitana 11) arrivée à 8h 29' 27'', soit 10'01'' du leader
3-Pascal Bidegorry (Banque Populaire) arrivée à 9h 15' 38'', soit à 56'12'' du leader
4-Giovanni Soldini (TIM-Progetto Italia) arrivée à 9h 50' 00'', soit à 1h30'34'' du leader
5-Michel Desjoyeaux (Géant) arrivée à 10h 49' 09'', soit à 2h29'43'' du leader
6-Thierry Duprey du Vorsent (Gitana X) arrivée à 12h 17' 03'', soit à 3h57'37'' du leader
7-Armel Le Cléac'h (Foncia) abandon

Dans le monde la voile, le nom Gitana, indissociable de la branche franco-suisse des Rothschild, évoque depuis plus de 100 ans un art de vivre fait de passion, d'esprit d'équipe et de recherche d'excellence. Sous l'impulsion du Baron Benjamin de Rothschild, l'histoire des Gitana s'ouvre vers les multicoques en 2000 avec le Gitana IX engagé sur la Transat Québec /Saint-Malo. Pour la deuxième année consécutive, il arme les trimarans Gitana X et Gitana 11 pour le Championnat ORMA. Le Gitana X, dédié à la formation de jeunes talents, et le Gitana 11 avec l'objectif de briller au plus haut niveau. Tradition, innovation et transmission…

Banque Image Photo : Yvan Zedda  Banque Image Vidéo : Néfertiti Production

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