Nous avons mis à bord nos voiles de convoyage, installé deux bannettes de repos pour les équipiers et reconfiguré notre ordinateur de bord. Peu de chose en fait. Selon la météo, nous devrions mettre une petite semaine pour rejoindre la Corse. Comme nous avons eu peu de temps pour nous entraîner ensemble après le Grand Prix de Fécamp, le mot d'ordre a été pour chacun de maintenir sa bonne condition physique afin d'arriver à son meilleur niveau pour les deux épreuves méditerranéennes qui vont s'enchaîner sur deux semaines. A peine arrivés, nous allons remettre le bateau en configuration Grand Prix, c'est à dire principalement, enlever les bannettes, enlever nos voiles de convoyage et mettre à poste nos voiles de course océaniques pour le Tour de Corse, qu'on changera à nouveau pour nos voiles de Grand Prix le samedi matin. Cela implique pour notre team technique, Jean, Laurent, William et Jean Pierre, d'amener sur place beaucoup de matériel et de prévoir pas mal de manutentions et de réglages.
Sur le plan sportif, le Grand Prix de Fécamp a montré notre montée en puissance puisque nous finissons 3ème, à deux points de Sergio Tacchini le vainqueur et un même nombre de points que Groupama II, classé 2ème grâce au bonus de ses trois victoires de manche. Avec ce résultat, nous faisons désormais partie des grands favoris du circuit. Un statut qui souligne tout le travail qui a été fait depuis le début de la saison par l'ensemble du Gitana Team, tant à terre qu'en mer.
En ce qui concerne la navigation en Méditerranée, je la connais un peu pour avoir fait, entre autre, deux fois le Tour de Corse en catamaran de sport. En météo, tout y est possible. On connaît bien sûr les passages ventés traditionnels : le Cap Corse et son opposé , Bonifacio. Mais on peut aussi passer par toutes les phases de vent répertoriées en Méditerranée : calme plat, mer d'huile, petits effets thermiques dans une baie, brise légère et petit clapot, pour passer parfois, presque sans transition, à un fort mistral de 30 nœuds, avec des rafales à 40 ou 50 nœuds s'il y a des orages, sur une mer écumante. A cette époque de l'année, sur trois jours de régates, je prévois de nombreux changements de rythme. Il nous faudra donc être très vigilants dans le maniement de Gitana 11.
Coté équipage, ce que nous avons fait à Fécamp nous a mis dans une dynamique positive en mettant chacun en confiance par rapport aux rôles des autres. C'est une belle performance de Team car en fait Fécamp n'a été que notre 2ème Grand Prix ensemble. Après notre casse dans la transat Québec - Saint Malo,mi-juillet, nous n'avons pas pu assurer le programme d'entraînements initialement prévu puisque Gitana 11 est resté près d'un mois en chantier cet été.
A Fécamp, Gitana 11 s'est vraiment détaché du 4ème concurrent, Géant, et des suivants qui ne l'ont jamais vraiment menacé. Nous avons joué ce Grand Prix en Manche avec deux adversaires directs : le nouveau Groupama II et Sergio Tacchini dont nous sommes très proches en potentiel de vitesse. Pour ces deux prochaines rencontres, nous sommes donc très stimulés par le fait de pouvoir nous mesurer avec les meilleurs du plateau Orma 2004 et visons pour ces deux derniers Grand Prix des places de podium, et si possible la plus haute marche. »