Un Pot-au-Noir sans embûche
Les marins ont beau l’avoir passé des dizaines de fois, cette zone n’est jamais abordée avec plaisir tant ils savent justement que ses griffes peuvent se refermer sans prévenir. Mais depuis des jours, Marcel van Triest, le routeur météo du Maxi Edmond de Rothschild, scrute la zone et affine la trajectoire du géant pour offrir le meilleur couloir qui soit aux deux navigateurs. Ce matin, le duo saluait l’analyse de leur stratège et Charles Caudrelier confiait même n’avoir pas eu un passage aussi facile depuis plus de 14 ans !
« On était dans une zone sans aucune convection, il y avait juste des molles à passer, mais le vent n’était pas brutalement instable comme il peut l’être quand il y des orages et des grains noirs. Là, il n’y avait quasiment pas de grains, juste une toute petite pluie, le vent est quand même bien descendu à un moment, jusqu’à 6-7 nœuds, pendant quelques heures, mais le bateau est resté au-dessus de 10 nœuds. C’est assez simple parce que la rotation est continue, il n’y a pas eu de gros changements de forces de vent. Tout est fluide par rapport au passage de Pot-au-noir qu’on a eu à l’aller, où là on avait eu des gros grains noirs et des grosses risées qu’il fallait utiliser pour avancer. Ça a duré quand même 200 milles donc ce n’était pas un petit passage en distance, mais on ne s’est jamais arrêtés », détaillait Franck Cammas à la vacation hebdomadaire de la Brest Atlantiques.
Le Cap Vert par le travers
Depuis sa sortie de la Zone de Convergence Intertropicale, en début de soirée hier, le maxi-trimaran armé par Ariane et Benjamin de Rothschild, navigue dans les alizés de l’hémisphère Nord, en direction du Cap Vert qu’il devrait laisser à tribord la nuit prochaine. Le skipper de Gitana 17 nous livrait une carte postale plutôt plaisante de leur 25e journée de course : « On est dans une phase de reaching dans les alizés en remontant vers le Cap Vert, il y a un peu de clapot de face qui commence à s’atténuer, c’était un peu brutal cette nuit, parce qu’on était à 25 nœuds face au clapot. Là, ça s’adoucit mais le vent est un peu plus fort, 18-20 nœuds. Il fait beau, il y a des poissons volants et beaucoup de vent apparent, donc on ne sort pas beaucoup du cockpit. »
Au pointage de 16h, il restait encore 2 358 milles à parcourir pour le duo Cammas / Caudrelier. Si la remontée de l’Atlantique Nord pourrait s’avérer rapide, elle n’en demeure pas moins exigeante avec des passages à niveau, où la ponctualité sera de mise. Si le rythme est tenu, l’arrivée à Brest pourrait se dessiner en milieu de semaine prochaine.
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Ambiance de Pot
Dans l’Atlantique et à la voile, passer d’un hémisphère à l’autre sous-entend de se frotter au fameux Pot-au-Noir. Pour la deuxième fois en moins de 19 jours, Franck Cammas et Charles Caudrelier ont dû traverser cette zone réputée instable et bien souvent piégeuse. Manœuvres incessantes dans un vent capricieux et sous un soleil de plomb, le duo du Gitana Team n’a pas ménagé ses efforts pour se faufiler au plus vite vers le Nord et la porte des alizés. Yann Riou nous embarque dans le stress du Pot-au-Noir au cœur du cockpit du Maxi Edmond de Rothschild.
Classement du 29 novembre 2019 à 16h
1. MAXI EDMOND DE ROTHSCHILD (Franck Cammas / Charles Caudrelier / Yann Riou) - distance au but : 2 358,7 milles - vitesse moyenne sur les dernières 30 min : 22,7 nœuds
2. MACIF (François Gabart / Gwenolé Gahinet / Jérémie Eloy) – 544,2 milles du leader - vitesse moyenne sur les dernières 30 min : 20,9 nœuds
3. ACTUAL LEADER (Yves Le Blevec / Alex Pella / Ronan Gladu) – 619, 7 milles du leader - vitesse moyenne sur les dernières 30 min : 17,1 nœuds
ABANDON - SODEBO ULTIM 3 (Thomas Coville / Jean-Luc Nelias / Martin Keruzoré)