Mettre la course de côté, ramener l’homme puis le bateau... quand les avaries majeures surviennent équipe comme marin ne se posent guère de question. La sécurité du solitaire prédomine toujours face à l’hostilité des éléments, comme ce fut le cas en début de semaine dans le Golfe de Gascogne. Lundi soir, peu avant 22h, le Maxi Edmond de Rothschild se présentait à l’entrée du port galicien de La Corogne, au Nord-Ouest de l’Espagne. Grâce à son sang froid et à son sens marin, Sébastien Josse mettait ainsi un terme à seize longues heures à petite vitesse pour rejoindre la terre ferme ; un grand soulagement pour les armateurs du Gitana tenu informés en temps réel de la situation au large et naturellement pour tous les membres de l’équipe basée à Lorient.
Retour sur les faits
Le lendemain de son arrivée à La Corogne, après quelques heures d’un sommeil bien difficile à trouver, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild revenait sur sa course. Du départ au Cap Fréhel en vol, avec ce bord de reaching qui restera longtemps dans les annales de la couse au large, le passage de Ouessant et l’état d’esprit dans lequel il se trouvait avant de « rentrer » dans le dur de la dépression ; comme à son habitude, le marin n’élude rien de ces quelques heures sur la Route du Rhum - Destination Guadeloupe avant son abandon.
Cet abandon est un coup dur pour les membres de l’écurie aux cinq flèches, qui avait fait preuve d’un engagement sans faille pour préparer ce grand rendez-vous qu’est la Route du Rhum. Tous souhaitaient offrir à Sébastien Josse une monture à la hauteur de son talent. « La déception est immense car nous avions beaucoup travaillé pour être présents et pertinents sur cette course. Mais la course au large est et restera toujours un sport mécanique où les casses font malheureusement partie des risques. L’avarie survenue sur le flotteur tribord va nous obliger à nous remettre en question, à chercher et comprendre ce qui s’est passé et à réparer pour revenir plus fort. Nous ne cherchons en rien à nous défausser. La quête d’innovation dans laquelle nous nous sommes lancés avec le soutien et l’enthousiasme de nos armateurs et des collaborateurs du groupe Edmond de Rothschild n’est pas une tâche facile mais le jeu en vaut la chandelle. Remettre en cause notre esprit pionnier et la vision que nous avons de la voile de demain n’est pas à l’ordre du jour » nous confiait Cyril Dardashti, le directeur de l’équipe.
« Nous avons le cœur gros pour nos voisins de ponton, le Team Banque Populaire, qui essaye aujourd’hui de récupérer leur bateau au large des Açores. Ce sont de moments très durs, et bien que l’essentiel étant qu’Armel retrouve bientôt les siens, je pense beaucoup à l’équipe de Ronan Lucas depuis mardi. »