Retour sur un week-end de labeur
« C’est reparti, enfin ! C’était long et la transition n’a pas été facile. J’avais un mur sans vent devant moi ce week-end, il fallait attendre que la pression revienne par derrière, » déclarait Sébastien Josse au petit matin pour la première vacation de la semaine. En effet, tandis que les deux leaders profitaient de la création d’une dépression secondaire pour s’échapper plus rapidement que prévu cap à l’Est, le marin du Gitana Team s’est retrouvé englué dans une dorsale, où régnaient en maître des vents faibles et instables. Ne ménageant pas sa peine, le solitaire a multiplié les manœuvres - sept empannages au total entre samedi soir et dimanche après-midi - pour parvenir à s’extirper de cette crête barométrique « Pendant une vingtaine d’heures, j’ai mangé mon pain noir. J’étais face à une situation météo qui m’obligeait à manœuvrer pour me retrouver au bon endroit lors du retour d’un nouveau flux de vent. Je n’arrivais pas à faire de Sud donc il fallait faire des empannages. C’est sûr qu’hier soir j’étais un peu claqué ! »
Plongée au pays de l’ombre
« Il y a beaucoup d’oiseaux, des pétrels, des sternes, des albatros qui tournicotent autour de moi. Mais il n’y a pas trop de mer, pour l’instant l’entrée dans l’Indien est plutôt soft. C'est pas mal même si cela ne va pas durer, » décrivait Sébastien Josse en début de journée. Quelques heures plus tard, le décor avait déjà changé et le pays de l’ombre portait enfin bien son surnom donné par Titouan Lamazou, le vainqueur du premier Vendée Globe.
Comme nous pouvons le voir dans la vidéo envoyée à la mi-journée, c’est avec une joie non dissimulée que le marin renouait avec les hautes vitesses et ce malgré une ambiance plutôt inhospitalière par plus de 43° Sud : « Un cockpit bien rangé, une visibilité pas très bonne, on va dire 200 m, il doit faire 10 - 12 ° mais ça va vite ! Avec tout ça, nous avons sorti les affaires d’hiver : moufles, bonnet, polaire et petit collant, qui font que normalement la température passe plus facilement.»
Avec trois tours du monde et demi à son actif, Sébastien Josse connaît bien la musique. Dans ces latitudes Sud éloignées, la cadence est plus que jamais dictée par la météo et le bal des dépressions australes, qui gravitent autour de l’Antarctique, donne le rythme tel un métronome.
« Chacun joue sa course avec la situation météorologique dont il dispose. Actuellement, je suis en position d’attente. J’ai raté un créneau avec ma petite avarie, maintenant j’attends que ça tamponne devant ou que ça revienne par derrière… 500 milles ça ne se reprend pas comme ça simplement en appuyant sur le champignon et en prenant des risques démesurés juste pour essayer de revenir au contact. Ce n’est pas la philosophie du tour du monde ! Déjà, il faut aller jusqu’au cap Horn, rentrer dans un bon rythme et voir s’il y a des ouvertures météo qui se présentent » confiait le skipper d’Edmond de Rothschild qui n’en doutons pas saura saisir les opportunités qui se présentent devant l’étrave du dernier-né des Gitana.
Classement du 28 novembre à 15h (HF)
1. Armel Le Cleac'h (Banque Populaire VIII) à 16 069,4 milles de l’arrivée
2. Alex Thomson (Hugo Boss) à 30,3 milles du leader
3. Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) à 476,1 milles du leader
4. Paul Meilhat (SMA) à 866,4 milles
5. Jérémie Beyou (Maître CoQ) à 869,3 milles
6. Yann Eliès (Queguiner Leucémie Espoir) à 1202,3 milles
7. Jean-Pierre Dick (St Michel - Virbac) à 1753,1 milles
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