Aux portes des mers du Sud
Le trio de tête progressait hier encore grâce à un front dépressionnaire accroché au large du Brésil. Mais la baisse de régime constaté depuis ce matin sur les classements - les vitesses sont descendues sous les 20 nœuds - préfigure d’un changement de rythme aux avant-postes. En effet, la dépression a buté sur l’anticyclone et se décale désormais ver le Sud. Sébastien Josse et ses adversaires les plus proches naviguent désormais sous l’influence de la zone de hautes pressions de Ste Hélène, positionnée bien plus Sud et Est qu’à son habitude. Devant leurs étraves, la situation météorologique manque de clarté avec une dorsale à négocier. Dans ce contexte, il faudra se montrer opportuniste et réactif.

Au classement de 15h, Sébastien Josse est 3e à 232 milles du leader Alex Thomson. Ce dernier voit son dauphin, Armel Le Cléac’h, revenir à 89 milles du tableau arrière de son monocoque. Pour le skipper d’Edmond de Rothschild, qui comptait il y a deux jours encore - avant que son safran tribord ne heurte un OFNI - quelques milles d’avance sur Banque Populaire VIII, la situation est forcément un peu frustrante. Malgré tout, le solitaire restait philosophe : « Quand tu fais une grosse bêtise tu sais pourquoi tu perds des milles mais là… C’est agaçant bien sûr mais encore une fois tout cela fait partie des aléas de la course. Il faut l’accepter et avancer.»

Changement d’amures

Depuis Madère et le franchissement d’une dorsale anticyclonique qui a concerné la flotte du Vendée Globe dans les tous premiers jours de course, Sébastien Josse naviguait bâbord amures, soit plus de 14 jours et plus de 5 500 milles parcourus sur le même bord. Un fait rare qui vient souligner la qualité des conditions météorologiques dont bénéficient les solitaires depuis leur départ des Sables d’Olonne. Après avoir exploiter le front « brésilien » à son maximum, le skipper de Gitana 16 a en effet empanné dans la matinée : « J’ai  empanné il y a une 1h environ pour des questions de stratégie » glissait Sébastien Josse en introduction de sa vacation avec le Vendée Live, le rendez-vous de 12h que proposent quotidiennement les organisateurs tout au long de la course. « C’est une grosse manœuvre, 2 bonnes heures à peu près si on compte du déplacement du premier sac au rangement du dernier bout.» 

Indien droit devant

Depuis plusieurs jours, l’ambiance a changé à bord du Mono60 Edmond de Rothschild mais en seulement quelques heures le contraste paraît plus saisissant : « Nous arrivons dans les mers du Sud ! On a sorti les polaires mais pas les grosses encore ! Il fait plus froid depuis quelques jours mais ce matin c’est plus net ; les oiseaux sont là, ils nous suivent, et il y a un petit brouillard qui est dû à la rencontre de l’air chaud et des eaux froides.C’est assez austère comme ambiance ! Actuellement j’ai une vingtaine de nœuds mais c’est instable car il y a des grains qui n’étaient pas prévus sur les photos satellites. Le vent passe de 28 à 18 nœuds ce n’est pas très confortable, il faut rester sur le qui-vive. J’ai 1,5 mètres de houle. D’habitude dans le coin tu commences à avoir une mer croisée, très hachée, là ce n’est pas le cas. Les conditions pour passer ont l’air clémentes. Mais nous ne sommes pas encore dans le courant des Aiguilles.»

Les solitaires sont aux portes du Grand Sud. Sébastien Josse progresse toujours en direction du cap de Bonne-Espérance et la nuit prochaine, il laissera dans son sillage l’Océan Atlantique. Avec près de 6 900 milles dans les foils, le dernier-né des Gitana fera en effet son entrée dans l’Indien. Un passage qui est virtuellement matérialisé par la longitude du cap des Aiguilles. Bien moins connu que son « cousin » de Bonne-Espérance, ce dernier est situé à 140 km dans son Sud-Est et il constitue le promontoire le plus méridional du continent africain.

 

Classement du 24 novembre à 15h (HF)

1. Alex Thomson (Hugo Boss) à 17 538,1 milles de l'arrivée
2. Armel Le Cleac'h (Banque Populaire VIII) à 89,8 milles
3. Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) à 232,1 milles du leader
4. Morgan Lagravière (Safran) à 463,5 milles
5. Paul Meilhat (SMA) à 750,4 milles
6. Jérémie Beyou (Maître CoQ) à 825 milles
7. Yann Eliès (Queguiner Leucémie Espoir) à 1121,4 milles

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