Serrer les dents et glisser au plus vite vers le Sud-Est pour rester en avant d’un front froid venu du Brésil et qui les propulsent vers le premier grand cap de ce tour du monde, celui de Bonne Espérance, tel est le programme des ouvreurs du Vendée Globe depuis plus de 48 heures.
Pour tenir des vitesses élevées et aligner les milles, l’engagement des marins est total. Même si les températures sont encore élevées - 25°C -, les ponts des monocoques sont balayés par des paquets de mer et à l’intérieur des machines de carbone, le bruit est toujours aussi assourdissant. De plus, la mer, qui s’est formée ces derniers heures, vient se mêler à la fête et complique un peu plus le quotidien des solitaires. Surtout ce nouveau paramètre remet foilers et dérives droites sur un pied d’égalité pour ce qui est des vitesses.
Les 24 heures en ballottage
Ainsi, les observateurs qui espéraient que le record de vitesse sur 24h en solitaire et en monocoque de 60 pieds tombe ce week-end, n’ont toujours pas eu satisfaction. En effet, pour l’heure, la performance de 534, 48 milles réalisée par François Gabart lors du Vendée Globe 2012 n’a pas été égalée. Le gallois Alex Thomson en était pourtant très proche hier matin, mais un choc avec un OFNI (Objet Flottant Non Identifié) a coupé court à cette chasse au record. Dans la collision, le leader a endommagé son foil tribord, celui alors en action puisque les solitaires naviguent bâbord amures. Le skipper expliquait par l’intermédiaire d’une vidéo envoyée cet après-midi que l’appendice était sérieusement abîmé et qu’il devrait faire sans pour le reste de la course.
« Ce type d’avarie nous fait forcément cogiter et hier j’ai relevé les foils quelques heures quand j’ai appris la nouvelle pour Alex. Mais avec un peu de recul je me suis raisonné car j’étais objectivement déjà un cran en dessous d’Alex dans la manière de mener le bateau. Donc là je suis reparti en exploitant le bateau au maximum de son potentiel » déclarait Sébastien Josse ce soir.
Les chiffres d’Edmond de Rothschild
Ces deux premières semaines de course sont l’occasion d’un bilan chiffré en se basant sur le classement du 20 novembre à 15h. Depuis le départ des Sables d’Olonne le 6 novembre dernier, le Mono60 Edmond de Rothschild a parcouru sur l’orthodromie (route directe, ndlr) 4 953 milles à la vitesse de 14, 7 nœuds et Sébastien Josse a ainsi couvert 20 % du parcours total. À noter que sur le fond, c’est-à-dire au réel sur l’eau, le skipper de Gitana 16 a avalé 5 356, 85 milles à la vitesse moyenne de 15,9 nœuds. Enfin, ce matin le marin aux cinq flèches a enregistré sa plus grande distance parcourue sur 24 heures avec 497, 38 milles couverts à la vitesse de 20,7 nœuds.
À l’entame de la troisième semaine de course, vingt-huit bateaux sur les vingt-neuf qui ont embouqué le chenal des Sables d’Olonne sont toujours en course. En effet, hier soir Bertrand de Broc a annoncé son abandon depuis l’archipel de Fernando de Noronha, où il était au mouillage pour inspecter son carénage de quille. De son côté, Tanguy de Lamotte, victime d’une avarie de tête de mât samedi dernier, n’a pas encore signifié son abandon même si ce n’est qu’une question de jour. Il reste en course tant qu’il n’aura pas touché terre, vraisemblablement le week-end prochain aux Sables d’Olonne.
Classement du 20 novembre à 18h (HF)
1. Alex Thomson (Hugo Boss) à 19 341,8 milles de l'arrivée
2. Armel Le Cleac'h (Banque Populaire VIII) à 86,6 milles du leader
3. Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) à 89,6 milles
4. Vincent Riou (PRB) à 157,4 milles
5. Morgan Lagravière (Safran) à 182 milles
6. Paul Meilhat (SMA) à 222,6 milles
7. Jérémie Beyou (Maître CoQ) à 313,1 milles
8. Yann Eliès (Queguiner Leucémie Espoir) à 703,6 milles
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