Après huit jours de course, la tête de flotte du Vendée Globe aborde - déjà - le Pot-au-Noir, cette ceinture de basses pressions de quelques centaines de kilomètres qui entoure la Terre près de l’équateur. Les solitaires qui animent les débats aux avant-postes sont entrés dans le vif du sujet en fin de nuit dernière et tentent depuis de trouver la porte de sortie la plus rapide de cette zone où il fait rarement bon de traîner.
Images du jour envoyées ce midi par Sébastien Josse
Round 1, ça passe à l’Est !
« Ça y est, nous sommes entrés dans le Pot-au-Noir. Au lever du jour, nous sommes tombés sous un grain avec Vincent (Riou,ndlr). Le vent a fait 360 degrés et depuis, nous sommes collés à la piste. Là, c’est calme il y a 2 nœuds de vent. La mer est “glassy” avec un mètre de houle résiduelle. Le ciel n’a pas de couleur et il pleuviote. » Ces déclarations de Sébastien Josse recueillis lors du Vendée Live de midi décrivait l’ambiance dans laquelle évoluait le skipper d’Edmond de Rothschild.
Habituellement plus fréquentable dans sa partie Ouest, là où elle est théoriquement la moins étendue, la Zone de Convergence Inter-Tropicale, alias ZITC, n’a pas fini de surprendre les marins qui s’aventurent dans ses eaux ! En effet, après une dizaine d’heures de traversée le bilan est très clairement à l’avantage des partisans de l’Est comme Hugo Boss, qui est parvenu à tenir des moyennes de 12 nœuds lorsque ses plus proches adversaires peinaient à dépasser les 5 nœuds. Cet important différentiel avait des conséquences directs sur le classement. En effet, à 18h, le skipper d’Edmond de Rothschild concédait 97 milles au britannique contre 32 milles ce matin à l’entrée du Pot-au-Noir.
La bonne opération du jour est aussi pour SMA qui grâce à une trajectoire proche de celle d’Alex Thomson est pleinement revenu dans le match en 5e position.
Être opportuniste pour gagner vers le Sud
Voir des milles si chèrement acquis s’envoler en quelques heures est naturellement agaçant pour le compétiteur qu’est Sébastien Josse. Pour autant, le skipper d’Edmond de Rothschild, qui n’en est pas à sa première traversée de Pot-au-Noir, préférait relativiser : « Depuis ce matin, j’ai changé plus de voiles que depuis le début de la course et ce n’est pas fini ! Impossible de savoir d’où le vent va revenir. Il faut être opportuniste… Un grain, ça peut se créer en six heures et se vider. Maintenant, les dés son jetés… Après, même si on ne sort pas bien du Pot-au-Noir, la course est longue pour pouvoir se refaire la cerise.»
Ce coup de frein, dont il se serait naturellement bien passé, le skipper aux cinq flèches parvenait cependant à en tirer profit : « Depuis plusieurs jours, compte tenu des moyennes, il était compliqué d’aller sur le pont faire le tour du bateau. Du coup, j’ai profité des calmes de ce matin pour faire une bonne inspection et vérifier que tout était en ordre. Je me suis aussi offert une bonne petite douche sous la fine pluie de début de journée… »
Selon les dernières estimations météorologiques la porte de sortie se situerait plus ou moins par 3° N. Alors que l’on soit positionné un peu plus Est ou un plus Ouest, ce soir le mot d’ordre est le même sur tous les monocoques : il faut faire le meilleur compromis pour gagner vers le Sud.
Classement du 14 novembre à 18h (HF)
1. Alex Thomson (Hugo Boss) à 21 658, 6 de l’arrivée
2. Armel Le Cleac'h (Banque Populaire VIII) à 90,2 milles du leader
3. Vincent Riou (PRB) à 95,8 milles
4. Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) à 97 milles
5. Paul Meilhat (SMA) à 102,9 milles
6. Jérémie Beyou (Maître CoQ) à 111,9 milles
7. Morgan Lagravière (Safran) à 136,7 milles
8. Yann Eliès (Groupe Gueguiner - Leucémie Espoir) à 167,1 milles
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