Partir «Fast» mais pas «Furious»
À bord du Mono60 Edmond de Rothschild, le calme s’installe progressivement. Sébastien Josse y a déposé son sac et chacun des membres du Gitana Team vérifie une dernière fois que tout est à sa place. À Port Olona, le bateau passera une dernière nuit en solitaire avant d’entamer son aventure autour du monde avec son skipper. La journée de dimanche débutera par les émouvants au-revoir, puis, dans le chenal des Sables d’Olonne des centaines de milliers de personnes seront là pour souhaiter le meilleur à ces marins qu’ils aiment tant. La météo s’annonce clémente pour le coup d’envoi à 13h02. Un vent de secteur Nord d’une quinzaine de nœuds libèrera les vingt-neuf concurrents. Escortés par leur équipe technique et de nombreux bateaux spectateurs, les monocoques devraient s’envoler vite, glissant au portant, sur une mer encore tendre pour s’amariner. Dès la fin de journée, le vent forcira dans le golfe de Gascogne jusqu’au cap Finisterre; un premier point de passage important que les premiers pourraient atteindre lundi, avant les premières lueurs du jour. Ces conditions idéales pour aller vite ne sont pas simples pour autant. Les gestes devront être précis sans être précipités.

Rester « zen », plus facile à dire qu’à faire. Se charger en émotion positive sans se laisser submerger. Un fil sur lequel il n’est pas jamais évident de marcher. « Je suis vraiment dans l’état d’esprit d’y aller sereinement, » confie Sébastien Josse. « Nous partons pour un tour du monde. Mon objectif dans cette première partie de course est d’arriver dans l’hémisphère Sud bien dans le rythme, avec un bateau en bon état. On sait que le long du Brésil, nos bateaux à foils seront dans leurs conditions pour creuser l’écart, ma priorité est d’arriver dans le Grand Sud bien dans mes baskets et bien ma course. »

Une météo claire mais qui n’en demeure pas moins exigeante

« Avec un flux de secteur Nord, donc froid, les précisions météorologiques sous-estiment souvent la force du vent. En plus, ce Nord-Nord Ouest devrait être irrégulier avec des lignes de grains et des rafales qui pourraient atteindre 25 nœuds dans le golfe de Gascogne, avec un renforcement à 30 nœuds au cap Finisterre que l’on pourrait doubler à 4 ou 5 heures du matin lundi, » précise le skipper.

Antoine Koch est responsable du bureau d’études du Gitana Team. Marin, il est également membre de la cellule performance de l’écurie aux cinq flèches. Il accompagne Sébastien dans ces dernières heures à terre afin de préparer au mieux ce début de course. « Nous ne sommes pas dans un départ violent avec un coup de vent dès le golfe de Gascogne, ni dans situation compliquée tactiquement, » explique-t-il. « Néanmoins, les concurrents vont devoir manœuvrer afin d’adapter la voilure aux variations de la force du vent. Puis, le long du Portugal, ils arriveront au niveau d’une petite dorsale anticyclonique. Il faudra alors choisir entre longer la côte pour conserver de la vitesse où bien s’écarter quitte à buter un peu dans la zone de vent faible mais avec un décalage dans l’Ouest bénéfique à long terme. Ensuite, ce sera rapide, droit vers le Pot-au-Noir. Dans l’alizé soutenu, il va falloir enchaîner des empannages, des manœuvres toujours très exigeantes en solitaire. Donc si la situation se présente de façon classique, elle va demander beaucoup d’énergie aux marins. »


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