Au-delà des images, c’est le son qui attire l’attention. Dans une vidéo envoyée à terre avant d’entrer dans la forte dépression qu’il négocie actuellement, Sébastien Josse partage un coucher de soleil, aperçu depuis le cockpit du Mono60 Edmond de Rothschild. Dans cette capsule de vie, le skipper surveille son bateau comme le lait sur le feu. La coque dévale une vague avec un sifflement strident, celui de la quille et des foils, avec lequel il faut apprendre à vivre. Au-dessus de la tête, une cathédrale de toile sous un ciel gris et menaçant. Comme annoncé, le vent a forci depuis, jusqu’à atteindre les 35 à 40 nœuds en rafales ces dernières heures et autant dire qu’avec l’état de la mer, les vitesses moyennes réalisées sont à la hauteur des efforts fournis.
En vue du Vendée Globe, le skipper d’Edmond de Rothschild souhaitait régater dans des conditions proches de ce que sera sa réalité sur le tour du Monde afin de se jauger, tout comme le bateau. Après quatre jours de course, l’exercice pratique sur cette transat retour des Etats-Unis remplit parfaitement l’objectif. En bordure de cette dépression creuse et puissante, Sébastien Josse déroule le jeu qu’il souhaite. Il s’applique à rester conservateur dans ses prises de risques stratégiques mais garde des vitesses moyennes qui le placent depuis le départ dans le trio de tête. Cela ne se fait pas sans s’exposer ni repousser quelques limites. En effet, le marin avoue que « dormir dans ces bateaux et ces conditions est un vrai challenge ! » mais aussi que « finalement le corps s’habitue à tout » et qu’il se sent « bien dans le rythme et en osmose avec la machine. »
Vers un regroupement général dans le golfe de Gascogne
Jour après jour, nuit après nuit, Sébastien Josse passe du cockpit à la table à cartes, les sens en éveil et la concentration au maximum. La nuit dernière l’anémomètre s’est emballé. Le skipper navigue actuellement dans des vents soutenus, dans le sud d’une zone très active de basses pressions. Des conditions que le skipper d’Edmond de Rothschild devra gérer tout au long du week-end.
Cependant, la flotte se dirige vers une nette amélioration et la tendance va même s’inverser à quelques milles de l’arrivée puisque le final devrait se jouer au ralenti. Joint ce matin par son équipe, le skipper décrivait la situation : « Il y a 35 nœuds de vent établi actuellement. C’est un peu plus que sur les prévisions. Et une houle de trois mètres mais bien organisée. En ce moment, c’est plutôt agréable. La nuit dernière la mer était beaucoup plus hachée et j’ai fait quelques arrêts buffet dans les vagues ; c’est toujours très impressionnant car le bateau prend de sacrés coups. J’ai eu jusqu’à 40 nœuds mais le plus fort est derrière nous. »
Toujours en tête depuis mardi à 6h du matin, Alex Thomson, le plus Nord de la flotte, perd un peu de terrain. Jérémie Beyou, 2e, et Sébastien Josse, 3e, continuent d’effectuer des trajectoires proches, sur une route intermédiaire, mais la physionomie de la course pourrait bien changer. Entre la sortie de cette dépression et l’atterrissage sur l’Europe, une dorsale anticyclonique va finir par les ‘cueillir’, non seulement eux, mais aussi une grande partie des autres concurrents, positionnés plus au Sud : « Nous devrons empanner dans l’après-midi. Le vent, qui souffle d‘Ouest, sera encore fort pendant de longues heures après cet empannage. Puis, il va mollir aux alentours des 20 nœuds, en tournant vers le Sud, » explique Sébastien avant d’ajouter : « Sur les derniers fichiers de prévisions, la situation de fin de course semble moins compliquée mais, quoiqu’il arrive, nous aurons une dorsale anticyclonique à passer et des derniers milles dans la molle. La météo va favoriser les poursuivants et les différents routages nous prédisent un regroupement quasi général dans le golfe de Gascogne ! Il faudra être concentré jusqu’au bout et opportuniste.»
La guerre des nerfs est donc loin d’être terminée puisqu’un nouveau départ devrait bien se profiler en fin de week-end ou début de semaine prochaine. Les premiers concurrents sont attendus aux Sables d’Olonne mardi ou mercredi si les schémas météos proposés s’avèrent fiables.
Transat New York - Vendée, pointage du vendredi 3 mai à 16h30 (heure française)
1- Alex Thomson - Hugo Boss (Grande-Bretagne) à 1319,8 milles de l’arrivée
2- Jérémie Beyou - Maitre Coq (France) à 38,3 milles du leader
3- Sébastien Josse - Edmond de Rothschild (France) à 40,9 milles du leader
4- Paul Meilhat - SMA (France) à 198,7 milles
5- Tanguy de Lamotte - Initiatives Cœur (France) à 201,9 milles
6- Vincent Riou - PRB (France) à 375,2 milles
7- Kojiro Shiraishi - Spirit of Yukoh (Japon) à 394,7 milles
8- Fabrice Amedeo - Newrest Matmut (France) à 529,1 milles
9- Jean-Pierre Dick - St Michel-Virbac (France) à 1 283 milles
10- Yann Eliès - Queguiner-Leucemie Espoir (France) à 1 302,5 milles
11- Conrad Colman - 100 % Natural Energy (Nouvelle-Zélande - Usa) à 1309 milles
12- Morgan Lagravière - Safran (France) à 1 310,7 milles
13- Pieter Heerema - No Way Back (Pays-Bas) à 1 319,8 milles
Abandon - Armel Le Cléac'h - Banque Populaire VIII