En route vers la dépression
Partie dimanche soir (heure française) de Big Apple, la flotte de la Transat New York - Vendée a connu des premières heures de course difficiles. En effet, si les conditions météorologiques de ce début de transat se sont montrées plutôt clémentes, c’est sous l’eau que quelques rêves se sont brisés. Hier, cinq concurrents sur les quatorze en lice ont dû faire demi-tour et trouver refuge à Newport, majoritairement pour des avaries suite à des collisions avec un OFNI (Objet Flottant Non Identifié). À cette heure, seul St Michel-Virbac a repris la mer tandis qu’Armel Le Cléac’h signifiait son abandon en milieu d’après-midi. À la barre d’Edmond de Rothschild, Sébastien Josse a également eu son lot mais sans dommage pour le dernier-né des Gitana. L’Imoca60 armé par le Baron Benjamin de Rothschild est dans le match, en tête de flotte dès les tous premiers milles de course. Il occupe, au classement de 16h, la 3e place provisoire d’une flotte menée par le britannique Alex Thomson. Plus rapide ces dernières heures, le skipper d’Hugo Boss ouvre la voie vers la première dépression de cette transat à destination des Sables d’Olonne.

Quitter New York n’est jamais simple. Le trafic, les courants, la brume, les zones poissonneuses et donc de pêche, comme les icebergs un peu plus au nord, mettent une tension palpable chez ceux qui s’élancent en solitaire. Heureusement, la météo est restée douce depuis dimanche : « Nous avons passé une première nuit plutôt bonne avec une mer plate mais peu de visibilité car il y avait beaucoup de brouillard, » décrivait Sébastien Josse, lundi à la vacation de la mi-journée. « Nous avançons gentiment, puis on va enchaîner les phases de transitions météo. Il va y avoir des petites manœuvres à faire, surtout des changements de voiles à effectuer dans le bon timing. »

En revanche, ce mardi matin n’avait pas la même saveur pour le skipper : « Je n’ai pas eu la malchance de mes concurrents qui ont dû faire demi-tour. J’ai eu aussi mon lot de rencontres aquatiques et notamment un gros poisson - un requin je pense - qui est venu s’entourer autour de la quille. J’ai dû faire une marche arrière pour m’en dégager. Pour le reste, les safrans ont joué leur rôle de fusibles mais c’est certain qu’il y avait beaucoup de choses sur notre route ! »

Malgré tout, le navigateur a réussi à assurer quelques fondamentaux : « Le rythme est comme je l’imaginais … On ne s’embête jamais sur ces bateaux ! J’ai quand même réussi à bien me reposer la nuit dernière, malgré quelques manœuvres dans un vent assez irrégulier. J’ai entre 20 et 25 nœuds actuellement, le vent a adonné (plus favorable) et cela devrait rester ainsi une vingtaine d’heures. Nous allons chercher ensuite le point d’empannage pour nous approcher de la dépression. »

Basses pressions droit devant
La trajectoire sur la carte est rectiligne, une belle ligne droite, plein Est, cap vers l’Europe, mais le jeu va se compliquer ces jours-ci. Une dépression, large comme trois fois la France, s’étend sur la route. « D’ici 24 heures, nous devrions être dans le vif du sujet avec l’empannage pour partir bâbord amure pendant environ deux jours, » poursuit-il. « Une dépression secondaire vient retrouver la dépression principale. Celle-là semble se creuser et, pour l’instant, les fichiers annoncent 35-40 nœuds avec une mer assez forte. Mais la force dépendra vraiment de notre timing d’arrivée. Plus on y arrive vite et mieux c’est ! »

Même si la météo et la bataille avec Hugo Boss, Maître Coq et PRB incitent à pousser la machine, le skipper entend garder la tête froide : « Alex (Thomson, ndlr) et Jérémie (Beyou, ndlr) ont attaqué fort depuis hier et l’avance d’Alex n’est pas étonnante. De mon côté, je me concentre d’abord sur la dépression qui nous attend. Il ne faut pas se précipiter car celui qui sortira de cette dépression avec un bateau en parfait état aura déjà de belles cartes en main. D’autant que l’arrivée dans le golfe de Gascogne s’est compliquée depuis notre départ. Les derniers milles ne seront pas simple et promettent de « belles » surprises.»

Qui va piano va sano e va lontano, cette expression bien connue représente parfaitement aujourd’hui l’état d’esprit dans lequel le skipper d’Edmond de Rothschild souhaite mener sa course. Même si, dans le cas de Sébastien Josse, qui depuis le départ a parcouru plus de 700 milles sur le fond à une vitesse de 16,6 nœuds, le terme « doucement » n’est pas complètement approprié…

Suivez le Mono60 Edmond de Rothschild, pointage toutes les 15 minutes de 6h à 23h (heure française) : http://gitana-team.geovoile.com/newyorkvendee/2016/tracker/

Transat New York - Vendée, pointage du mardi 31 mai à 17h (heure française)

  1. Alex Thomson - Hugo Boss (Grande-Bretagne) à 2 423,1 milles de l’arrivée
  2. Jérémie Beyou - Maitre Coq (France) à 24,8 milles du leader
  3. Sébastien Josse - Edmond de Rothschild (France) à 31,3 milles
  4. Vincent Riou - PRB (France) à 46,9 milles
  5. Paul Meilhat - SMA (France) à 64,7 milles
  6. Tanguy de Lamotte - Initiatives Cœur (France) à 109,2 milles
  7. Kojiro Shiraishi - Spirit of Yukoh (Japon) à 156,6 milles
  8. Fabrice Amedeo - Newrest Matmut (France) à 178 milles
  9. Conrad Colman - 100 % Natural Energy (Nouvelle-Zélande - Usa) à 568,7 milles
  10. Jean-Pierre Dick - St Michel-Virbac (France) à 571,2 milles
  11. Yann Eliès - Queguiner-Leucemie Espoir (France) à 580,5 milles
  12. Morgan Lagravière - Safran (France) à 580,5  milles
  13. Pieter Heerema - No Way Back (Pays-Bas) à 580,5 milles

Abandon - Armel Le Cléac'h - Banque Populaire VIII

À noter que Yann Eliès, Morgan Lagravière et Peter Heerema sont toujours en arrêt technique à Newport.

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