Maxi Edmond de Rothschild dans les ouvreurs de l’Atlantique Sud
Il y a une semaine, les six pionniers de l’Arkea Ultim Challenge quittaient Brest après un départ à la fois empreint d’émotions mais aussi d’impatience ; ces sentiments mêlés qui marquent les grandes premières ! Depuis les solitaires sont parfaitement rentrés dans la course et les huit jours qui viennent de s’écouler donnent le ton : intense ! Aux avant-postes dès la sortie du Golfe de Gascogne, Charles Caudrelier et le Maxi Edmond de Rothschild comptent parmi les grands animateurs de ce début de tour du monde. Une affiche qu’ils partagent avec le benjamin de l’épreuve, Tom Laperche, très à l’aise à la barre de son géant. La bagarre que se livrent les deux marins, désormais lancés à pleine vitesse dans la descente de l’Atlantique Sud, est de haute volée et à la hauteur des attentes. Mais la course ne fait que débuter comme le rappellent les marins. Ce lundi après-midi, le marin du Gitana Team avait parcouru près de 5 200 milles au réel sur un tracé théorique qui en compte plus de 22 000 milles.
Figariste un jour, figariste toujours 

Samedi à 21h14, le Maxi Edmond de Rothschild franchissait l’équateur après 6 jours 7 heures 42 minutes 11 secondes et en terminait ainsi avec l’Atlantique Nord. Ce temps n’est certes pas celui du record, toujours détenu par Sodebo depuis son « Trophée St Exupéry » (record du tour du monde à la voile en solitaire, ndlr) victorieux en 2016, puisque Thomas Coville avait parcouru la distance entre Ouessant et la latitude 0 en 5 jours 17 heures et 11 minutes. Mais rappelons que non seulement les solitaires de l’Arkea Ultim Challenge n’ont pas choisi leur fenêtre météo de départ et surtout que cette descente de l’Atlantique Nord au scénario météo atypique n’était pas du tout favorable à établir un temps. Ces facteurs combinés permettent cependant de mesurer le rythme et l’engagement que mettent Charles Caudrelier et les cinq autres marins en lice sur ce tour du monde ULTIM.   

« Le bilan est positif puisque nous sommes bien placés. La première semaine de course a été intense, ambiance Figaro ! Nous sommes au contact, en mode régate depuis Brest… D'abord avec l’ensemble de la flotte et depuis quelques jours avec Tom (Laperche, ndlr) nous avons fait le break. C’est particulier et je me demandais comment nous allions tenir car n’est pas exactement une cadence de tour du monde. Mais là, le rythme s’installe, les bords sont plus longs et nous avons moins de transitions à gérer et donc de lourdes manœuvres de voiles. Je commence à bien faire corps avec le bateau, je m’alimente bien et mon sommeil se cale. Nous sommes partis depuis 8 jours et je n’ai pas vu passer cette première semaine de course. Quand le bateau nous laisse un peu de temps finalement c’est pour aller dormir. Je n’ai pas encore écouté de musique, de podcasts… C’est la régate ici ! La régate à l’échelle planétaire. C’est assez grisant » confiait Charles Caudrelier.   

>> Images du large, lundi 15 janvier

  

L’Atlantique Sud ouvre ses portes 

À quelques kilomètres de la base lorientaise du Gitana Team, une cellule météo se relaye nuit et jour pour accompagner Charles Caudrelier et l’aider à laisser la plus belle trajectoire qu’il soit autour de la planète. Rappelons, en effet, que le routage est autorisé sur l’Arkea Ultim Challenge. Ainsi, ils sont trois experts – Erwan Israël, Julien Villion et Benjamin Schwartz – à assurer des quarts pour décrypter les différents modèles météos sur lesquels ils basent chaque jour leur analyse et pour co-construire la route du Maxi Edmond de Rothschild sur ce défi planétaire.  Dans leur mission, ce trio bénéficie également de la grande expertise du météorologue américain Chris Bedford, qui accompagne l’équipe depuis quelques années désormais.     

Comme ses deux « colocataires », Julien Villion possède une double casquette de navigant et expert météo avec une solide expérience bâtie notamment aux côtés de Jean-Yves Bernot de 2016 à 2018. Il était l’un des « artisans-routeurs » de François Gabart lors de son record de 42 jours autour du monde en 2017.   

En fin de matinée, il nous livrait son analyse des jours à venir et nous présentait ainsi la physionomie de cette deuxième semaine de mer : « Nos observations des derniers jours se confirment et l’Atlantique Sud semble plutôt se présenter favorablement pour nous. Depuis le passage de l’équateur samedi soir, c’est rapide et depuis la fin de nuit, la route, qui consistait à faire du Sud le long du Brésil, s’est incurvée vers le Sud-Est. Nous glissons désormais le long de la bordure Ouest de l’Anticyclone de Sainte-Hélène. Le vent a adonné ce qui nous permet d’infléchir notre trajectoire et de débuter notre long bord vers Bonne-Espérance. Quand on regarde au Sud c’est assez dynamique avec des belles dépressions qui circulent. Et nous sommes justement dans le bon timing pour prendre un train de dépressions. La bonne nouvelle est que nous devrions pouvoir rester en avant d’un front pour cette descente, avec une mer très maniable. Schématiquement, nous nous glissons dans un couloir de vent portant entre l’Anticyclone de Sainte-Hélène et les dépressions qui circulent au Sud. Les prochaines 24 heures vont être consacrées à affiner notre trajectoire dans ce couloir de vent. Comme toujours, ça sera un compromis entre la bascule et la force du vent pour progresser au plus vite vers la pointe de l’Afrique du Sud. Nos routages nous voient à la longitude de ce premier cap vendredi après-midi. »   

Changement d’ambiance à venir 

Naviguant actuellement le long des côtes brésiliennes, cet après-midi le géant aux cinq flèches croisait au large de la latitude de Rio de Janeiro, l'atmosphère est estivale sur les ponts et dans les cockpits des maxi-multicoques. Mais, bien que la chaleur complique les phases de sommeil et la vie à bord, Charles Caudrelier profitait au maximum de ces conditions pour mettre de l’ordre dans le bateau et même faire ses lessives… Rompu aux tours du monde, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild sait bien que dès le milieu de semaine, l’ambiance sera toute autre. Une fois embarqué dans la fameuse rampe de lancement vers les mers du Sud, les températures vont drastiquement baisser et la garde-robe lourde sera de nouveau d’actualité, comme le soulignait le marin du Gitana Team : « D’ici deux-trois jours on va commencer à sentir le froid qui vient du grand Sud, on va rentrer dans du vent et ça sera parti pour le grand tour ! »     

À noter que le team Banque Populaire a fait part hier de son obligation d’effectuer une escale technique à Recife dans le Nord du Brésil. Lors de la dépression, que la flotte a dû négocier en milieu de semaine dernière, Armel Le Cléac’h a connu une avarie conséquente sur l’étrave de son maxi-trimaran bleu avec notamment la perte de son balcon avant. Puis sont venus s’ajouter à cela des problématiques de foil. Pour rappel, les escales techniques sont autorisées sur l’Arkea Ultim Challenge – Brest mais pénalisées d’un minimum de 24h d’arrêt. Accueilli ce matin par son équipe technique, le « chacal » ne pourra donc pas reprendre la mer avant demain, mardi 16 janvier au matin, dans le meilleur des cas.   

Classement du lundi 15 janvier, au pointage de 17h   

1) SVR Lazartigue - Tom Laperche
2) Maxi Edmond de Rothschild - Charles Caudrelier à 42,9 milles du leader
3) Sodebo Ultim 3 - Thomas Coville à 427,4 milles 
4) Maxi Banque Populaire XI - Armel Le Cléac'h -  à 719,6 milles - En escale technique.
5) Actual Ultim 3 - Anthony Marchand - à 996,4 milles
6) Ultim Adagio - Eric Peron - à 1898,8 milles

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