A leur arrivée au sein du Gitana Team en avril 2019, Charles Caudrelier et Franck Cammas ont pu prendre connaissance du programme sur cinq ans établi par l’équipe et ses armateurs. L’équipage à l’échelle planétaire, que ce soit en record ou en course, y tenait une place importante. Et c’est avec ces défis sportifs en ligne de mire qu’ils ont très vite construit leur programme de navigations et embarqué les marins pressentis dans des courses de préparation comme leur Rolex Fastnet Race victorieuse en août 2019. Cette implication en amont semblait en effet indispensable aux deux skippers pour appréhender le vol et acquérir des automatismes à bord d’une machine telle que le Maxi Edmond de Rothschild.
« Six ! le nombre s’est imposé naturellement sans réelle discussion entre Franck et moi. En 2010, sur la Route du Rhum, Franck a démontré qu’un seul homme pouvait traverser l’Atlantique sur un maxi-trimanan, et Francis Joyon en 2017 a enfoncé le clou avec un équipage de six sur le Jules Verne. Concernant Gitana, la Brest Atlantiques et son format en duo accompagné d’un médiaman a définitivement entériné notre choix. Sur les six à bord, nous sommes quatre à avoir beaucoup navigué ensemble et sur des périodes très longues puisque Franck, Yann, Erwan et moi avons partagé une Volvo Ocean Race. On se connaît, on se respecte et nous avons confiance les uns en les autres. Ça me semble important pour aller dans le Grand Sud. Avoir David à nos côtés est une grande force. Il sait tout faire à bord et à l’échelle d’un tour du monde son savoir-faire technique va être précieux. Et puis bien sûr Morgan qui apporte notamment son grand talent à la barre et son feeling de glisse incroyable mais pas seulement », confiait Charles Caudrelier pour expliquer les critères qui ont guidé leurs choix.
Erwan Israël confirmé
Fin juin, Erwan Israël était victime d’une rupture du ligament croisé postérieur du genou gauche suite à un accident en entraînement à bord d’un des nouveaux catamarans volants du Lac Léman. Cette blessure, qui a nécessité de longues semaines d’immobilisation et réclame encore de la rééducation au marin, a bouleversé les plans initiaux des skippers du Maxi Edmond de Rothschild.
« Durant trois mois j’ai beaucoup douté, car dans les premières semaines je ne voyais vraiment pas d’amélioration et aucun signe positif, synonyme de guérison. Mais la patience a payé et depuis début septembre je sais qu’une opération n’est pas nécessaire. J’ai pu débuter une rééducation intensive – tous les après-midis, 5 jours sur 7, pour être à 100 % début novembre », expliquait Erwan avant de poursuivre : « C’est une grande fierté de pouvoir intégrer l’équipage mené par Franck et Charles et de rejoindre une équipe comme Gitana. C’est un team que j’ai appris à découvrir avec beaucoup de plaisir. Ils ont construit et mis au point une machine incroyable avec beaucoup d’audace et d’innovation. Le Maxi Edmond de Rothschild est l’Ultime le plus abouti aujourd’hui et je suis très heureux de faire partie de son premier challenge autour du monde. »
Un équipage à la loupe
Expérience autour du monde, aptitude à barrer à très hautes vitesses et connaissances techniques du support pourraient être le résumé des critères établis par Franck Cammas et Charles Caudrelier pour constituer l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild. Mais les deux hommes cherchaient également des profils variés pouvant vivre ensemble durant 40 jours dans l’inconfort et l’adrénaline de la performance.
« La voile, et je pense que c’est encore plus vrai sur un tour du monde, ce n’est pas uniquement une histoire de performance, c’est une aventure avec une grande dimension humaine », assurait Charles Caudrelier. Un avis amplement partagé par Franck Cammas, qui précisait même le propos : « Nous nous attaquons à un record très difficile à battre ! Plus la performance est élevée et plus l’humain et l’aventure sont présents. Nous allons devoir chacun pousser très loin nos limites face à l’intensité d’un record comme le Trophée Jules Verne. »
Quelques chiffres
Six marins embarqués, un remplaçant impliqué, un routeur au surnom de 7e homme et toute une équipe derrière eux.
« Des très bons barreurs, navigateurs, régleurs, techniciens… la richesse de profils que nous avons à bord du Maxi Edmond de Rothschild est nécessaire voire indispensable sur les bateaux du Trophée Jules Verne », soulignait l’un des deux skippers.
Franck Cammas
Rôle : skipper
2 tours du Monde, dont 1 Volvo Ocean Race gagnanteet 1 Trophée Jules Verne (48 jours en 2010)
Charles Caudrelier
Rôle : skipper
3 tours du monde, dont 2 Volvo Ocean Race gagnantes (2012 et 2018)
Yann Riou
Rôle : régleur médiaman
3 tours du monde, dont 1 Volvo Ocean Race gagnante(2012) et 1 tentative de Trophée Jules Verne (47 jours en 2016)
Erwan Israël
Rôle : barreur régleur
2 tours du monde, dont 1 Volvo Ocean Race gagnante(2012) et 1 tentative de Trophée Jules Verne (47 jours en 2016)
Morgan Lagravière
Rôle : barreur régleur
Bizuth Trophée Jules Verne, 1 participation au Vendée Globe 2016
David Boileau
Rôle : régleur, N°1
Bizuth Trophée Jules Verne, 1 passage de Bonne Espérance et du Cap Horn à l’envers (record Route du Thé et Route de l’Or sur Gitana 13 en 2008)
Yann Eliès
Rôle : équipier remplaçant
3 tours du monde, dont 2 Trophée Jules Verne (2002 et 2005)et 1 Vendée Globe (2016)
Marcel van Triest
Rôle : routeur météo, le « 7e homme »
5 tentatives sur le Trophée Jules, dont 2 récompensées par un record (2012 et 2017)