Une course maîtrisée de bout en bout
« Dès le départ, nous réalisons un petit coup tactique à terre qui nous permet de creuser un peu sur nos concurrents avant même d’attaquer la traversée de la Manche. À suivre, la météo n’a pas forcément avantagé le bateau de tête, ce qui leur a permis de bien recoller, mais ce matelas de départ, même petit, était important car nous aurons grâce à lui toujours un petit coup d’avance durant toute la régate ! Cette marge a même poussé nos concurrents à la faute en prenant plus de risques pour revenir sur nous, notamment au passage de la dorsale ou encore la nuit dernière », expliquait Franck Cammas.
Initialement, les Ultimes du plateau devaient aller contourner l’Île de Man en Mer d’Irlande et réaliser ainsi un parcours de 1 100 milles nautiques. Vingt-quatre heures avant le départ et compte-tenu des derniers fichiers météos, la direction de course, en accord avec l’organisateur, a choisi de revoir ce tracé pour éviter à la flotte de rester des jours à l’arrêt dans les calmes de l’anticyclone. Le passage d’un Waypoint (marque virtuelle) en Mer d’Irlande hier a pu donner un bon aperçu de ce qu’aurait été la régate sans cette modification : « C’était une très bonne décision de revoir le parcours à la baisse et de réadapter son tracé aux conditions météorologiques du moment. L’objectif est de naviguer et pas de rester scotché des heures dans des zones sans vent et donc sans match », appuyait Cyril Dardashti, le directeur du Gitana Team. Une satisfaction partagée par Franck Cammas, qui avouait à son arrivée à terre avoir pris beaucoup de plaisir sur ces deux jours de course : « C’était une très belle régate, intense comme nous les aimons. Il y a eu des phases tactiques, d’autres de vitesse pure, beaucoup de reaching au final, comme la deuxième nuit pour aller vers la cardinale de Rochebonne, ce qui était bien parce que nous n’avions pas eu des conditions aussi rapides l’année dernière sur le Fastnet. C’était pas mal de pouvoir pousser le bateau dans ces conditions, ce n’est jamais facile de rester proche de 40 nœuds en permanence, comme cela a été le cas cette nuit. C’était un beau finish. Cette course aura été riche d’enseignements. C’était un parcours technique dans peu d’espace, parce que la Manche et la Mer d’Irlande ne sont finalement pas très grandes à l’échelle de nos bateaux, ça permet donc de passer en revue toutes les manœuvres qu’on peut faire en Ultime. »
Un équipage en rodage avant le Jules Verne
Seule course de la saison 2020 avant leur tentative de record du Trophée Jules Verne, la Drheam Cup était un rendez-vous à ne pas manquer, une occasion parfaite de se situer tant sportivement que techniquement pour les hommes du Maxi Edmond de Rothschild, comme le confiait Charles Caudrelier :« C’était important d’être là car les occasions de naviguer en course se comptent sur les doigts d’une main ! Surtout dans les conditions comme celles rencontrées la nuit dernière qui nous permettent de pousser le bateau à son plein potentiel. Nous sommes très heureux des modifications apportées au Maxi cet hiver. De l’extérieur, le bateau semble être le même car à part peut-être les ajouts d’aéro qui sont assez visibles, comme sur les bras, il faut vraiment avoir l’œil. Mais l’équipe a fait un très beau chantier et nous mesurons aujourd’hui le fruit de ce travail. Nous avons je crois optimisé encore la plateforme et les performances que nous observons depuis la remise à l’eau nous donnent raison. Le format de la course ne se prêtait pas forcément à un entraînement à proprement dit du Jules Verne mais cela nous a permis de nous retrouver au large, de retrouver des mécanismes avec le bateau… La Drheam Cup lance notre campagne de record sur le Trophée Jules Verne !»
Après le Fastnet, en août 2019, et la Brest Atlantiques, en décembre dernier, Franck Cammas et Charles Caudrelier récidivent sur la Drheam Cup. Ce qui porte à trois leur nombre de victoires en quatre régates disputées depuis leur arrivée chez Gitana ; ces chiffres témoignent de la belle alchimie qui règne entre le duo de skippers et le dernier-né des Gitana. Trois ans après sa mise à l’eau, le Maxi-trimaran aux cinq flèches, le premier conçu pour voler en haute mer, entre sans conteste dans une phase de maturité mais aux dires de ses skippers il n’a pas fini d’étonner et d’affoler les compteurs :« Nous avons battu les chiffres de vitesse du bateau la nuit dernière, avec plus de 46 nœuds. Mais ce qui est surtout impressionnant ce sont les moyennes au-delà des 40 nœuds que nous arrivons désormais à conserver sur des longues périodes. Et ce n’est pas fini ! »,concluait souriant Charles Caudrelier.
L’équipage du Maxi Edmond de Rothschild
Franck Cammas et Charles Caudrelier, skippers
David Boileau, Yann Eliès, Morgan Lagravière, Yann Riou
Classement Ultimes 2020 - Drheam Cup / Grand Prix de France de Course au Large
- Maxi Edmond de Rothschild (Franck Cammas / Charles Caudrelier) – en 1 jour, 21 heures 30 minutes et 33 secondes
- Sodebo (Thomas Coville) / à 1h 57 min du 1er
- Actual Leader (Yves Le Blevec) à 6h du 1er