Le Horn pour cadeau d'anniversaire
Depuis plus de 24 heures, la progression de Gitana 13 tient plus de la survie que de la navigation. Au large de la Terre de Feu, le maxi-catamaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild a connu hier des conditions musclées en essuyant le passage de deux fronts froids successifs.

Désormais au près, Lionel Lemonchois et ses neuf hommes d'équipage progressent à petite allure vers la pointe du continent sud-américain, qu'ils espèrent doubler dans la soirée.

Après 16 jours de mer, les dix marins de Gitana 13 ont vécu hier leur première journée de gros temps. Au près serré, contre un vent soufflant entre de 40 et 45 nœuds et dans une mer formée - 3 à 4 mètres de creux -,  le maxi-catamaran a dû se frayer un chemin coûte que coûte vers le Détroit de Le Maire. « La journée passée a été pénible ! Nous avons eu jusqu'à 50 nœuds de vent dans les « claques » et, sur le pont, l'équipage a même dû affaler complètement la grand-voile. Nous avancions sous trinquette seule à près de 10 nœuds … Ca fumait de partout dehors. En fin de journée, le vent s'est un peu calmé et est tombé entre 30 et 35 nœuds. Gitana 13 était alors sous grand-voile seule avec 3 ris dans un très beau ciel de traîne » décrivait  Dominic Vittet.

Le passage du Détroit, qui sépare l'île des Etats de la Terrre de Feu, s'annonce également musclé. Car si le vent a molli, aux alentours des 25 nœuds, Lionel Lemonchois et ses équipiers devront faire face à une mer démontée présentant des creux de 7 mètres. « Après notre passage dans Le Maire, nous devrions pouvoir rejoindre le Horn sur un bon bord de reaching. Il ne nous faudra pas perdre de temps car la fenêtre que vous visons pour passer ce soir est étroite. Nous allons essayer de nous faufiler dans un trou de souris.» expliquait le navigateur embarqué.
Réputé pour ses tempêtes d'Ouest qui en font le quotidien, le Cap Horn n'est jamais chose aisée à franchir … d'autant plus quand il s'agit de le faire à contresens : contre les vents dominants et la grande houle du Pacifique qu'aucun obstacle ne freine à une latitude aussi Sud.
 
Pour l'anecdote, alors que l'équipage se prépare et espère doubler dans la soirée le fameux promontoire sud-américain, le skipper de Gitana 13 fête aujourd'hui son anniversaire. Quel plus beau cadeau pour un marin que ce passage mythique …

Devenir cap-horniers se mérite

Dans les premières années du 20ème siècle, deux exemples de passage du Horn témoignent de la difficulté de l'exercice. Il fallait une sacrée dose de courage et d'opiniâtreté aux équipages engagés pour parvenir à franchir, d'Est en Ouest, cette zone qui matérialise la frontière entre les océans Atlantique et Pacifique.
En 1904, le quatre-mâts américain « Edward Sewall » affronta un tel mauvais temps de face qu'il lui fallût près de trois mois - de mars à mai - pour passer le célèbre « caillou ». Cinq ans plus tard, le trois-mâts nantais « La Rochejaquelein » négocia le cap chilien en plus de deux mois. Mais il n'était pas rare à l'époque que des voiliers choisissent, face au mauvais temps persistant, de rebrousser chemin et de s'engager dans un tour du monde pour rejoindre San Francisco par l'Océan Indien.

A bord de Gitana 13, le passage du mythique rocher sera célébré par sept des dix membres d'équipage comme le premier. Car hormis, Lionel Lemonchois, Nicolas Raynaud et Florent Chastel, qui ont déjà eu le bonheur de doubler le Horn lors de précédents records sur le Trophée Jules Verne, aucun des marins du bord ne s'était aventuré par 55°56 Sud. Concernant le passage d'Est en Ouest, le skipper du maxi-catamaran est, à ce jour, le seul à en connaître le chemin; puisqu'il embarqua sur ce même parcours (New York – San Francisco) en 1994 et 1998, en compagnie d'Isabelle Autissier et de ses équipiers.

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