Avaries de mât. Haute voltige en altitude ...
Organe vital du voilier s'il en est, le mât est l'objet d'attentions particulières... Certes, on pense immédiatement aux divers démâtages ayant émaillé la saison. Mais sans aller jusqu'à ces extrêmes, d'autres avaries peuvent survenir dans le gréement, contraignant les marins à effectuer une périlleuse ascension... Situation délicate en solitaire, elle s'avère pourtant assez courante, comme cela s'est vu récemment avec Lalou Roucayrol sur Banque Populaire, dont la grand-voile était totalement bloquée. François Denis, spécialiste du gréement au sein du Gitana Team, commente la situation et revient sur l'avarie de Gitana X.

Une drisse (cordage pour envoyer les voiles) qui coince, une grand-voile bloquée à mi-hauteur du mât, un gennaker (grand foc creux) qui refuse de descendre... Bien des soucis peuvent survenir au-dessus du niveau du pont, obligeant les marins à grimper le long de l'espar : car ne plus pouvoir contrôler son plan de voilure librement revient à piloter une voiture sans pouvoir en gérer la puissance. Qu'une survente s'annonce, et il faut alors réduire la toile d'urgence : au contraire, retrouver les calmes après un coup de vent implique de rendre toute sa puissance au voilier bridé. En course, la gestion rapide du plan de voilure est vitale. C'est pourquoi les marins sont prompts à grimper au mât dès qu'un souci survient. "Mais il faut bien se rendre compte que ça chahute énormément là-haut, précise François Denis, et même au port, lorsque quelqu'un passe sur le trampoline (filet entre les coques), celui qui intervient dans le mât subit le mouvement du bateau de façon décuplée". On imagine alors aisément les difficultés d'un tel exercice par mer formée, sous pilote automatique ! Certains skippers n'hésitent d'ailleurs pas à se munir d'un casque avant de grimper, pour éviter de se cogner violemment la tête contre l'espar.

Limiter les dégâts

"Normalement, poursuit François Denis, le solitaire dispose d'une drisse d'homme et de matériel d'escalade pour pouvoir se hisser là-haut (à 30 mètres au dessus de l'eau). Dans le cas précis de Lionel sur Gitana X, la rupture du mât à 7 mètres de sa tête, a rendu cette solution impossible, les drisses étant bloquées. La grand-voile est restée établie au deuxième ris et il était impossible à Lionel de la descendre". Une situation franchement inconfortable lorsque le temps menace de se dégrader et que le skipper n'a plus la possibilité d'adopter un profil bas en réduisant la toile ! "Lionel a bien géré la descente du morceau de mât cassé, il a réussi à le retenir, et c'est pourquoi nous n'avons eu aucun dégât au niveau de la plate-forme. S'il était tombé d'un coup – le tronçon de mât présente des angles et des arêtes métalliques - il aurait sans aucun doute poinçonné les flotteurs ou les bras". On l'a vu avec Fujifilm de Loïck Peyron dont le mât dans sa chute, a perforé le flotteur bâbord.

Ramené sans encombre jusqu'à La Trinité-sur-Mer, Gitana X n'a pas souffert outre mesure de son avarie de mât grâce aux soins apportés par Lionel à la gestion de cette fortune de mer. Il faut désormais doter le trimaran d'un nouvel espar. Un travail qui est d'ores et déjà entrepris : "l'ingénieur responsable des calculs vient au chantier cet après-midi", précise François Denis.

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