Depuis hier, la flotte des géants navigue dans l’hémisphère Sud. Après avoir laissé à bâbord la marque de parcours de São Pedro e São Paulo, ce groupement de rochers et récifs brésiliens posé dans l’Atlantique Nord à quelques 1 000 kilomètres dans le Nord-Est de la ville de Natal, les ULTIMS ont un à un franchi l’équateur pour basculer dans les latitudes Sud. C’est au près dans les alizés de Sud-Est qu’ils louvoient désormais en direction de l’île de l’Ascension, prochaine marque à contourner avant de pouvoir mettre le cap vers l’arrivée en Martinique.
Un Pot-au-Noir bien collant
Joint samedi matin à la vacation, Charles Caudrelier annonçait : « Aujourd’hui, le Pot-au-Noir a l’air plutôt facile car d’après les observations il n’y a pas beaucoup de dynamique dans les nuages.» Mais le skipper, bien rompu à l’exercice de la traversée de la Zone de Convergence Intertropicale grâce à ses précédents tours du monde notamment, n’oubliait pas d’utiliser le conditionnel de rigueur dans le Pot-au-Noir en précisant ceci : « Nos bateaux peuvent passer très vite le Pot-au-Noir, s’il reste un tout petit fond de vent on est très vite à 20 nœuds et on n’a pas les 300 milles un peu pénibles en une demi-journée. Mais on peut aussi prendre le double ou pire s’il n’y a pas de vent. En fonction de ton heure de passage ça peut être très différent. Ça bouge très vite dans ce coin-là de l’Est vers l’Ouest et c’est de la surveillance radar à bord et images satellite pour notre cellule routage. Il n’y a pas de solutions miracles dans le Pot-au-Noir et malgré l’expérience aucune certitude.» Et effectivement, tout ne s’est pas passé comme ils l’auraient souhaité ! Revenus à une vingtaine de milles du tableau arrière de Banque Populaire et alors que SVR – Lazartigue progressait à faibles vitesses plus à l'Ouest, les hommes du Gitana Team ont vu la porte de sortie s’éloigner des étraves du Maxi Edmond de Rothschild, tout comme leurs concurrents, à la disgrâce d’un nuage se développant au-dessus de leur tête de mât : les fameux grains de la zone ! S’en défaire a été long et laborieux. Malgré la déconvenue, Charles Caudrelier restait philosophe hier : « C’est comme ça ici, parfois tu gagnes et parfois tu perds… c’est le jeu du Pot-au-Noir ! »
Une flotte enfin au complet demain
Ces derniers jours, la France a été balayée par des tempêtes automnales dont l’intensité a obligé la direction de course de la Transat Jacques Vabre à revoir son plan initial. Si les cinq ULTIMS ont pu, comme prévu, prendre le départ dimanche dernier puis plonger au Sud avant l’arrivée de la première dépression, Ciaran, et faire ainsi leur course sans interruption, les autres flottes n’ont pas bénéficié des mêmes conditions. Bien que partis du Havre également le 29 octobre les Ocean Fifty et les Class 40 ont trouvé refuge à Lorient tout au long de la semaine. Ce matin, à 10h30 pour les trimarans et 10h45 pour les monocoques, l’heure avait enfin sonné pour retrouver le large. Les sourires croisés au petit matin sur les pontons de Lorient La Base en disaient long sur l’envie des quarante-six duos de reprendre la mer et la course. Demain, ce sera au tour des IMOCA de larguer les amarres. Ils quitteront le Bassin Paul Vatine du Havre très tôt pour un départ aux abords au Cap de la Hève sur les coups de 9h30.
Pointage du 6 novembre, 19 heures
1. Maxi Banque Populaire XI à 3 781,7 milles de l’arrivée
2. SVR – Lazartigue + 27,5 milles
3. Maxi Edmond de Rothschild (Charles Caudrelier / Erwan Israël) + 31,8 milles
4. Sodebo Ultim 3 + 141,8 milles
5. Actual Ultim 3 + 193,9 milles