La révolution des foilers
Lorsqu’en 2013, la jauge IMOCA est allée vers plus de monotypie, notamment en ce qui concerne les mâts et les quilles, certains auraient pu penser que la créativité des architectes allait être bridée. Et bien, Guillaume Verdier et le cabinet VPLP de Vannes ont donné naissance à de nouveaux bateaux étonnants et disons... « moustachus ».

En s’inspirant de ce que connaissent par ailleurs les multicoques, en particulier sur l’America’s Cup, avec ces catamarans à foils qui volent au-dessus de l’eau grâce à des dérives en « L », les designers ont adapté le concept aux monocoques du Vendée Globe. Les bateaux ne volent pas vraiment mais les dérives foils qu’ils portent de chaque côté permettent à la coque de s’appuyer sur l’eau, ce qui limite la trainée et ouvre un univers de puissance insoupçonnée.

Au sein de l’écurie armée par Ariane et Benjamin de Rothschild, cette innovation majeure a rapidement trouvé de quoi s’exprimer. En effet, voler avait déjà été adopté par le Gitana Team. Tout d’abord, Sébastien pratique depuis plusieurs années le Moth à foil, véritable libellule de carbone grisante et particulièrement instable. Familier de cette manière aérienne de pratiquer la voile, le skipper a ensuite rapidement « foilé » à bord du catamaran GC32 Edmond de Rothschild et disputé le célèbre Bol d’Or sur le lac Léman.

Puis, encore plus étonnant, le team a ouvert une nouvelle voie aux commandes du Multi70 Edmond de Rothschild qui est devenu, au printemps 2016, le premier trimaran océanique de l’histoire à décoller au-dessus de la mer, atteignant pas moins de 43 nœuds de vitesse, poussé par seulement une vingtaine de nœuds de vent.

Il était donc naturel pour le Gitana Team d’envisager le Vendée Globe côté foils. Ce pari audacieux a été relevé depuis par les équipes de cinq autres bateaux neufs (Banque Populaire, Hugo Boss, No Way Back, Safran et St Michel Virbac) mais aussi par Jérémie Beyou dont le Maître CoQ est une carène d’ancienne génération mais qui a, elle aussi, été dotée de moustaches. Depuis, chacun a pu démontrer que dans beaucoup de conditions, les foils améliorent les performances mais cette innovation reste encore très récente. Elle pose logiquement des questions, entre autres, de fiabilité sur un parcours « longue distance » à l’image du Vendée Globe. Sur le tour du monde, outre la solidité, l’un des principaux enjeux sera aussi l’utilisation de ces dérives dans les nombreuses phases de transitions climatiques ainsi que dans les conditions météos violentes que les marins pourraient avoir à négocier dans les mers du Grand Sud.

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