En réparation avant une nouvelle tentative
Vendredi dernier, après trois jours de mer sur leur première tentative de record autour du monde, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild avait choisi de faire demi-tour suite à des avaries consécutives à un choc avec un OFNI. Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont pu regagner leur port d’attache lorientais hier soir. Quelques heures plus tard, l’équipe technique était déjà à pied d’œuvre pour démonter et réparer les appendices endommagés afin de permettre aux marins du Gitana Team de repartir dans les plus brefs délais, dès qu’une fenêtre météo propice se présentera. Il n’y a en effet pas de temps à perdre car l’objectif de l’écurie aux cinq flèches demeure intact : s’élancer cet hiver à l’assaut du Trophée Jules Verne.

Un long détour pour le retour

Le Maxi Edmond de Rothschild a dû faire le grand tour par l’ouest des Açores avant de pouvoir pointer ses étraves vers la Bretagne, comme l’annonçait Marcel van Triest dès la décision de retour prise vendredi dernier : « Il a fallu faire rapidement le choix pour ne pas perdre trop de temps lors de notre retour qui s’annonçait déjà assez long. Dans 48h, une dépression venant du Nord et s’étalant jusqu’au nord de Madère, générant 6 à 7 mètres de mer et 50 à 60 nœuds de vent sur sa face Ouest va se mettre en travers de notre route. Ce phénomène va nous imposer un grand détour mais beaucoup sera plus safe pour le bateau. Notre objectif est de repartir très vite mais pour cela il faut savoir être conservateur avec le bateau et les hommes. »     

« Repartir plus forts ! »     

Charles Caudrelier, qui partage la barre du Maxi Edmond de Rothschild avec Franck Cammas, nous confiait son sentiment ce midi, après une bonne nuit à terre : « L’état d’esprit est positif au sein de l’équipage. Nous avons tapé quelque chose, c’est malheureux mais ça fait partie de l’histoire de la course au large. Le point positif aussi est que le Maxi Edmond de Rothschild n’est pas très abîmé et que les réparations vont être relativement rapides. En mer nous avons noté une nette différence de performance après nos avaries et nous étions handicapés, dans ce sens, le choix a été plutôt simple. Le temps établi par l’équipage d’Idec est dur à aller chercher et le moindre handicap est un vrai problème pour espérer le battre. Cela a bien fait pencher la balance, d’autant que la météo à suivre ne nous paraissait pas excellente et que ça semble se confirmer. Le point très positif aussi de cette première tentative est l’expérience qu’elle nous a permis d’acquérir. Nous manquons toujours de navigations et cette semaine en mode course et convoyage a été très bénéfique car nous ne rencontrons pas des conditions aussi intenses en entraînement. Le bateau va repartir plus fiabilisé et l’équipage plus fort ! Nous avons cette immense opportunité de pouvoir retenter le record et aujourd’hui on pense particulièrement à nos copains du Vendée Globe qui, eux, n’ont pas cette possibilité. Nous mesurons notre chance, il faut être patient ! »   

 
Une bonne semaine à quai 
   
Les records de vitesse ont la particularité de pouvoir offrir une seconde chance aux équipages qui s’y attaquent ! Une opportunité que saisit aujourd’hui l’écurie armée par Ariane et Benjamin de Rothschild en revenant à sa base technique pour réparer et repartir avec un bateau à 100 % de son potentiel. Ce jeudi matin, l’ensemble de l’équipe technique était mobilisé pour démonter les pièces qui devaient l’être. Selon les premiers diagnostics, le dernier-né des Gitana devrait être immobilisé une bonne semaine avant de pouvoir retourner sur l’eau pour une navigation de remise en route : « Nous travaillons sur les réparations à apporter depuis que le bateau a fait demi-tour. Donc ce matin, tout le monde savait ce qu’il avait à faire et les démontages et checks habituels de la structure ont pu démarrer très vite. Les jobs listes sont claires mais il y a des temps de réparation incompressibles si nous voulons bien faire les choses ; des temps de collage et de séchage sur le foil notamment », précisait le directeur technique, Pierre Tissier.

Dès à présent, parallèlement aux travaux engagés par l’équipe technique, la cellule météo du Gitana Team a repris ses observations de fenêtre. Car une fois le Maxi Edmond de Rothschild réparé, il faudra à nouveau attendre et saisir le bon créneau météo pour s’attaquer aux 40 jours 23 heures et 30 minutes du Trophée Jules Verne ; le temps établi par Francis Joyon et ses hommes en 2017.       

Rappel des faits et des avaries     

25 novembre 3h26 - La décision de passer en code vert pour partir est effective la veille peu avant 21h. À Lorient, tout s’enchaîne très rapidement et déjà le dernier-né des Gitana fait route à plus de 40 nœuds vers la ligne et l’île d’Ouessant. L’équipage du Maxi Edmond de Rothschild souhaite profiter d’un passage de front et d’un flux de nord-ouest pour s’élancer sur le Trophée Jules Verne. Il est 3h26 très précisément quand le duo Cammas-Caudrelier et ses hommes enclenchent le chrono et laissent le phare du Créac’h dans le sillage de leur géant volant de 32 mètres.     

26 novembre 15h - Jeudi après-midi alors qu’il glissait au portant à plus de 30 nœuds entre les Açores et Madère, le Maxi Edmond de Rothschild percute un OFNI (Objet Flottant Non Identifié). Le choc est violent et ralentit tout de suite le géant de 32 mètres. L’équipage de Franck Cammas et Charles Caudrelier prévient son équipe à terre et démarre les investigations. L’impact, qui est survenu au niveau du safran de flotteur bâbord et plus précisément de son élévateur, a entraîné la casse d’une pièce du système de barre. David Boileau reprend immédiatement sa casquette de boat captain et réalise rapidement la réparation. Après 1h à plus faible allure, le dernier-né des Gitana reprend la route de son record à hautes vitesses. Visuellement la pelle de safran n’est pas abîmée mais l’appendice se révèle dur à manipuler ce qui peut laisser présager un endommagement du système de montée et descente de ce safran bâbord. Pour autant, le contrôle est impossible car la zone située à l’extrémité du flotteur est trop exposée et trop dangereuse pour s’y aventurer. Le Maxi Edmond de Rothschild poursuit sa route vers l’équateur.       

27 novembre 10h - Pour ajuster leur trajectoire vers l’équateur, les hommes de Gitana effectuent plusieurs empannages. Lors du deuxième, réalisé dans la matinée, et alors qu’ils naviguent désormais bâbord amure, le quart sur le pont constate que le foil bâbord est également endommagé et les traces que l’équipage découvre ne laissent pas de place aux doutes ; elles sont consécutives à un choc, probablement celui survenu hier après-midi.     

27 novembre 22h - Malgré la motivation du bord à aller de l’avant, les échanges sont fournis tout au long de la journée avec Cyril Dardashti, le patron de l’équipe, Pierre Tissier, le directeur technique et Sébastien Sainson, responsable du bureau d’études. Ensemble, ils concluent que l’appendice est réparable en mer mais que l’équipage ne pourra plus l’utiliser au maximum de son potentiel même après réparation. Après consultation de leur routeur météo, Marcel van Triest, et compte tenu de la position du Maxi Edmond de Rothschild, à savoir à moins de 2 000 milles du départ, la décision est prise de faire demi-tour pour rentrer à Lorient afin de réparer et de se remettre en stand-by au plus vite.     

2 décembre 20h30 - Cinq jours après avoir interrompu leur tentative de record, les six marins du Maxi Edmond de Rothschild sont de retour à Lorient, accueillis par les membres du Gitana Team prêts à prendre le relais.

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